Nous voici en 5ème semaine de nos « Lectures en Partage » en ligne et voici la présentation du Livre 1 des CONFESSIONS de Jean-Jacques ROUSSEAU par Danielle DUMONT.
Merci Danielle de nous permettre de poursuivre ces échanges par internet.
Vous trouverez des liens sur Gallica pour vous permettre de vous familiariser avec J.J. Rousseau. En principe, la semaine prochaine sera présenté le livre de Victoria Mas : Le Bal des Folles par Isabelle LOES. Bonne lecture et à très bientôt pour nous faire part de vos ressentis et nous faire partager vos propres livres. Amicalement « Le Groupe des Bénévoles de la Bibliothèque »
Confessions de Jean-Jacques ROUSSEAU Présenté par Danielle DUMONT
Première Partie :Livre I à livre VI
Voici un des romans qui a attiré mon attention pendant cette période de confinement. Nous sommes en 1764, Rousseau a déjà rédigé des articles sur la musique destinés à l’Encyclopédie, il a obtenu en 1750 la célébrité avec son « Discours sur les sciences et les arts », contre la civilisation il devient le champion de la vie simple, de la pauvreté et de la vertu. En 1755 son « Discours sur l’origine de l’inégalité» plaçait le bonheur non dans les fausses vertus de la convention sociale mais dans les saines vertus de la morale individuelle, jamais on avait affirmé avec tant de force l’égalité fondamentale des hommes, adressé à Voltaire, ce discours va aggraver leur discorde. Les deux hommes étant opposés par leur tempérament et leurs doctrines .
En 1761 la publication de « La Nouvelle Héloïse. » lui a valu un immense succès.
Après la publique de « l’Emile » et du « Contrat social » en 1762 ouvrages qui vont être dénoncés il va être pourchassé et amené à s’exiler. C’est alors qu’en 1764 parait à Genève un libelle anonyme : « Sentiment des citoyens », qui est en réalité de Voltaire et qui attaque sa vie privée et révèle l’abandon par Rousseau de ses enfants.
C’est depuis l’Angleterre que Rousseau rédigera dès 1766 les premiers livres des Confessions
Deux parties à ces Confessions
– Première Partie (livres I à VI : 1712-1741) écrite de 1765 à 1767 (objet de cette présentation) – Seconde Partie ( livres de VII à XII 1741-1765) fut rédigée de 1767 à1770.
Livre I : Dès la première phrase Rousseau prévient ses lecteurs: « Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi. » Rousseau souffre d’être un incompris, considéré comme un méchant, persécuté, d’où ce défi qu’il lance à ses semblables. Rousseau décrit sa vie de sa naissance à Genève en 1712 d’Isaac Rousseau, citoyen et de Suzanne Bernard citoyenne jusqu’à l’âge de 28 ans. Vie d’orphelin auprès de son père et de son frère, avec pour occupation la lecture de grands auteurs avec son père : « Comment serais-je devenu méchant, quand je n’avais sous les yeux que des exemples de douceur… » » les enfants des rois ne sauraient être soignés avec plus de zèle que je ne le fus durant mes premiers ans.. » Puis brutalement ce train d’éducation fut interrompu par l’expatriation de son père suite à une querelle. Commence alors pour Jean-Jacques la pension pendant 2 ans chez le ministre Lambercier, à Bossey, jeunesse insouciante et pleine de poésie, découverte de la campagne : « la campagne était pour moi si nouvelle que je ne pouvais me lasser d’en jouir » et commence la confession de menues faits enfantins qu’il noircit comme des crimes et qui vont précipiter son départ « Là fut le terme de la sérénité de ma vie enfantine ». Retour à Genève chez son oncle, placement chez un greffier Mr Masseron qui le traite avec mépris, puis chez un maître graveur aux mœurs brutales, le caractère de l’enfant se modifie au cours de cette enfance chaotique. » La tyrannie de mon maître finit par me rendre insupportable le travail que j’aurais aimé et par me donner des vices que j’aurais haïs tels que le mensonge, la fainéantise et le vol ». Puis vers sa seizième année, l’opportunité de la fuite : »J’atteignis ainsi ma seizième année , inquiet, mécontent de tout et de moi, sans goûts de mon état, sans plaisirs de mon âge ,dévoré de désirs dont j’ignorais l’objet, pleurant sans sujet de larmes, soupirant sans savoir de quoi ; enfin caressant tendrement mes chimères, faute de rien voir autour de moi qui les valût. »
Le livre II consacré à l’année 1728 est capital pour la suite de cette période, il part pour Confignon à deux lieues de Genève :« Libre et maître de moi-même, je croyais pouvoir tout faire » Rencontre décisive avec de Madame de Warens jeune veuve nouvellement convertie au catholicisme , qui va devenir sa protectrice et qui va orienter sa nouvelle vie. Abjuration de sa religion à Turin long voyage à pied « ce souvenir m’à laissé le goût le plus vif… pour les montagnes et pour les voyages pédestres. »
Livres III à VI Suite de rencontres avec des protecteurs qui vont l’employer comme secrétaire, interprète, il va « enseigner » la musique…. et allers-retours auprès de Madame de Warens à Annecy puis aux Charmettes. Vie assez oisive, début de son goût pour l’étude de la musique, de la lecture toujours, soif d’apprendre qui fait jour : géométrie, algèbre, anatomie, latin, astronomie, jardinage…Rousseau est un autodidacte. Rousseau se donne à connaître et à voir dans des situations qui suscitent parfois chez le lecteur intimité complice et mise à distance irritée, comme lorsqu’il charge effrontément Marion du vol du ruban de Mlle Pontal. Il se confesse et il s’absout. A travers les Confessions, Rousseau ne plaide pas coupable, mais il ne dissimule rien au contraire, il livre tout Il a 28 ans lorsque s’achève le sixième livre, Rousseau doit à nouveau fuir, son avenir est toujours incertain. Ce roman n’est pas une autobiographie, plus une compilation de souvenirs choisis. Rousseau parait tout au long de ses années de jeunesse, non pas délibérément instable, mais se laissant porter par les événements, ballotté d’un métier, d’une ville, d’une aventure à l’autre, sans dessein.
Roman intéressant sur ce XVIIIème siècle : les mœurs, la religion, la « bonne société »à travers les confessions d’un de nos grands auteurs .
Les Confessions de Jean-Jacques ROUSSEAU livres I et II
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58133309/f8.image
TABLE DES MATIÈRES. pages
- 1. L’enfance, l’éducation et la jeunesse de Rousseau 1
- 2. J. Rousseau, musicien et littérateur 21
- 3. J. Rousseau et la République de Berne 44
- 4. J. Rousseau et les Genevois _53
- 5. J. Rousseau dans les Etats du roi de Prusse 73
- 6. J. Rousseau à l’île de St-Pierre 91
- 7. J. Rousseau à Bienne et en Angleterre, retour en France, vie errante 106
- 8. Voltaire et Rousseau 117
- La réparation 129
Commentaire de Françoise Péducasse Un grand merci à Danielle qui nous donne le plaisir de poursuivre nos « Lectures en Partage » avec « Les Confessions de Jean-Jacques ROUSSEAU » et nous invite à les partager. En ajout à son livre, je voudrais vous parler du petit Château de Mongenan, situé à Portets (Gironde). Construit en 1736 pour le Baron Antoine de Gascq, premier Président du Parlement de Guyenne et où Jean- Jacques ROUSSEAU venait herboriser. Le jardin botanique conçu selon ses préceptes comporte des milliers d’essences allant des plantes tinctoriales aux plantes médicinales et collections des roses anciennes et d’iris. Jean-Jacques ROUSSEAU était également le Maître de musique de son ami le Baron de Gascq à qui il enseignait le violon. Le domaine de Mongenan comprend un vignoble exploité depuis trois siècles par la famille à laquelle appartient l’actuelle propriétaire, Florence Mothes, journaliste, critique d’art et romancière. Outre les jardins, le Château compte de belles collections, des souvenirs de Marie-Antoinette (du Temple), un herbier de 136 planches réalisées sous la direction de Jean-Jacques ROUSSEAU. Une visite bien agréable, si ce n’est déjà fait, d’autant que de nombreuses conférences sont organisées tout au long de l’année.
Jean-Jacques ROUSSEAU au Château de Mongenan dans les Graves (Gironde) https://www.chateaudemongenan.com/revuepresse.htm
P.S. Voici les retours qui nous ont été adressés relatifs au livre de J.Paul DUBOIS « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon » :
1 – Thierry GODARD : Mise en ligne sur le Site du Centre Socio culturel
2 – Paulette Neveu : Un grand merci de nous avoir permis de communiquer entre nous grâce à Lectures en partage en ligne. Amitiés à toutes
3 – Cathy Chassagne : Je n’ai rien à ajouter aux analyses de Thérèse, Jacqueline et Nicole, j’ai eu la tentation d’en abandonner la lecture, soudain le narrateur est devenu sympathique, il s’est démarqué de parents fantasques, quelque peu déjantés, il attise notre curiosité. Le titre du livre est tout à fait approprié. Les circonstances influencent aussi notre façon d’habiter le monde. En attendant de vous retrouver dans un monde meilleur, je vous adresse mon amitié.
4 – Danielle BONNET : J’ai bien aimé ce livre et j’ai trouvé les personnages de Paul et Patrick très attachants bien que très différents, ils ont cohabités dans la promiscuité de cette cellule avec une forme de respect mutuel. Quand Paul est STLS libéré, c’est deux amis qui se quittent. D’autre part, on est déçu et indigné par le changement de comportement des propriétaires de l’immeuble vis-à-vis de Paul, après l’arrivée du nouveau gérant !! car Paul était un concierge (assistant social) exceptionnel !