Lecture en partage : un nouveau livre !!!

« LA MER A L’ENVERS » de Marie DARRIEUSSECQ

Résumé présenté par Françoise PEDUCASSE

 

D’abord, l’auteur en quelques mots :

Marie DARRIEUSSECQ est née à BAYONNE en 1969, elle est un des écrivains les plus prodigues de sa génération. Elle obtiendra le Prix Médicis pour : « Il faut beaucoup aimer les hommes ».
La Mer à l’envers est un roman sur la migration de masse qui est un des grands problèmes de notre monde contemporain, un fléau majeur que les pays occidentaux auront à gérer dans les mois et les années à venir.
Marie DARRIEUSSECQ a mis beaucoup de temps à écrire ce roman. Pour mieux comprendre la question des migrants, elle est allée au Niger, invitée par l’Institut Français pour y rencontrer ceux qu’on appelle les « migrants échoués », des personnes originaires de l’Afrique de l’Ouest : Ghanéens, Nigérians, Ivoiriens, refoulés de Lybie ou d’Algérie ; ils ne disposent que d’une dizaine d’euros qui leur permettraient de rentrer chez eux, alors ils restent coincés à NIAMEY. Plus tard, elle a mené des entretiens avec les migrants survivants de la Porte de la Chapelle à PARIS ainsi qu’à CALAIS.

Dans la 1ère partie du livre, tout part d’une croisière un peu absurde en Méditerranée. C’est l’histoire de
Rose, Psychologue, la quarantaine, qui s’interroge sur le sens de sa vie et qui cherche à sauver son couple.
Pour lui permettre de faire une pause, sa mère lui offre un voyage avec ses deux enfants. Or, une nuit, entre
l’Italie et la Lybie, dans ce paquebot aux décors kitch où l’on fête la magie de Noël dans l’abondance, le bateau
croise la route d’une embarcation en détresse. Une centaine de migrants, femmes, enfants, adolescents prêts à
se noyer. Le bateau de croisière les recueille dans l’attente des gardes-côtes italiens.
Les enfants de Rose dorment dans la cabine grand luxe, les croisiéristes font la fête mais l’émotion et la curiosité
obligent Rose à descendre sur le pont. Elle assiste au sauvetage, le regard aimanté par le visage d’un jeune
nigérian. Dès lors, son existence va être bousculée par cette rencontre. Il s’appelle YOUNES. Elle lui donnera le
téléphone portable de son fils, la liant ainsi au sort de ce jeune réfugié débarqué plus tard en Sicile.

Dans la 2 ème partie du livre, de retour à Paris, elle renoue avec le quotidien. Elle n’a parlé à personne de
Younès. Reprise par le tourbillon de la vie Rose est à la recherche d’une autre issue que le divorce.
La famille déménage et s’installe à CLEVES, une petite ville de province dans le Sud-Ouest de la France où
Rose a passé son enfance et son adolescence. Entre temps Younès l’appelle sans qu’elle ose décrocher, jusqu’au jour où le téléphone sonne à nouveau, elle le géolocalise et décide cette fois d’aller le chercher à CALAIS dans un campement de fortune un peu contre l’avis de sa famille.
Quand elle débarquera à CLEVES avec ce garçon, rien ne sera facile, il faudra pour tous une période d’adaptation car pour Younès le migrant, la quête d’un ailleurs c’est avant tout : l’ANGLETERRE. Mais ne dévoilons pas la fin, n’en disons pas davantage…………

PAULETTE NEVEU s’est attachée à répondre aux questions que nous nous posions :
1 – Qu’aurait-on fait à la place de Rose ?
-Rose a une générosité naturelle car elle est psychologue d’enfants en grande difficulté dans la région
parisienne. Elle est très attentive au malheur des êtres démunis, ce qui explique son geste spontané à l’égard de
Younès.
2 – On est solidaires (plus facilement dans les discours que dans les actes) de ces exilés qui luttent avec tant
d’acharnement au péril de leur vie confrontés aux murs d’une réalité politique et climatique :
-Solidarité vient du latin « soludis » qui signifie entier, consistant. La solidarité humaine est un lien fraternel et
une valeur sociale importante qui unissent les hommes les uns aux autres. « Entraide », ce mot existe depuis le
Moyen-Age. Il se faut entraider, c’est la loi de la nature,(Jean de La Fontaine : l’âne et le chien). En pratique,
nous le savons tous notre compassion à l’égard des migrants est très limitée, ces jeunes fuient la guerre, la
misère, la sècheresse pour venir vers des pays où ils espèrent trouver aide et travail ??
3 – Qu’est ce qui fait de nous des héros ? Le fait de risquer sa vie et celles des siens pour une noble cause ?
Rose ne se prend pas pour un héros, qu’en pensez-vous ? Peut-être avait-elle envie elle aussi d’une autre vie,
de combler un vide ?
-Peut-être pour être un héros il faut être celui qui sait dire « non » celui qui se distingue des autres. Etre un héros
c’est une qualité de caractère comme le courage, défendre des valeurs….. (Colonel Beltrame à Trèbes) et
d’autres, ce sont des actions nobles, glorieuses, audacieuses où des personnes risquent leur vie pour en sauver
d’autres. Pour moi, l’attitude de Rose est très courageuse ce qui est déjà beaucoup.
4 – N’a-t-elle pas vu son fils dans Younès ?
-Si elle a tant d’empathie pour Younès, c’est parce qu’elle voit son fils en lui, qui est un ado gâté qui vit avec le
support d’une famille ; tout ce que Younès n’a plus ou n’a jamais eu. Le désarroi de l’Afrique est immense.
Rose est une héroïne a taille humaine qui a vu ce qui se trame dans la Mer Méditerranée, dévoilant un monde
infernal et absurde.
D’une façon plus générale ça pose un regard sur les politiques migratoires, le choc de deux mondes, celui des
privilégiés et celui de ceux qui ont tout perdu.

 

Quelques retours de la précédente édition :

Vous trouverez ci-dessous les retours de notre 2ème semaine :

1 – Thierry Godard : « Superbe initiative. Bravo à cette équipe dynamique. Publié dans le site. »

2 – Cathy Chassagne : « Grand Merci d’assurer ce lien entre lecteurs, merci pour l’inscription de cette action sur le site du Centre Socio culturel permettant une plus grande diffusion de nos découvertes. Je n’ai pas encore lu « Sauver la beauté du monde » de J.Claude Guillebaud ; dès que possible je compte combler cette lacune, l’auteur, le titre, l’analyse d’Huguette Dartai, m’y invite absolument. C’est un appel à notre sensibilité, notre prise de conscience de l’urgence. Merci Huguette. » Je n’ai pas encore lu « Même les arbres s’en souviennent » de Christian Signol. Quelle bonne idée de l’avoir rapproché de « Sauver la Beauté du Monde ». Je suis particulièrement contente du choix de Marie-Jo : Christian Signol est apprécié par beaucoup de lecteurs de la Bibliothèque, il est parfois qualifié d’auteur régional (de l’Ecole de Brive) avec un peu de dédain ! Les histoires familiales lient le présent et le passé. Lire aussi du même auteur, « Au cœur des forêts ».

3 – Liliane Gimat :  « Merci beaucoup pour tout ce que vous faites. »

4 – Françoise Péducasse : « Je n’ai pas encore lu le livre de J.Claude Guillebaud. Dans une de ses œuvres (L’Idiot) DOSTOIEVSKI fait dire au Prince Mychkine –le héros principal- : « La Beauté sauvera le monde ». Une interrogation que reprend Guillebaud et qui semble d’actualité. Dans notre monde désenchanté, il fait bon se reconnecter à sa capacité d’émerveillement, à ce désir de se relier au mystère de l’existence. La senteur des lilas, la beauté d’un texte, d’un tableau, un rire d’enfant, un coucher de soleil…. Créent toujours une émotion et nous rend plus sensibles et plus vivants. Mes remarques par rapport au livre de Christian Signol « Même les Arbres s’en souviennent » portent sur le fait que les écrivains dits « régionalistes » sont souvent discriminés, comme le soulignait également Cathy. Christian Signol –comme tant d’autres- vaut mieux que les clichés dans lesquels le parisianisme culturel voudrait l’enfermer. Beaucoup de ces écrivains nous ont enchanté : Georges Sand . le monde rural en Berry avec sa Petite Fadette ou La Mare au Diable, Jean Giono dresse le dialogue entre l’homme et la nature avec le Chant du Monde ou le Hussard sur le toit, Frédéric Mistral a reçu le prix nobel de littérature, Jean Carrère a obtenu le Goncourt avec l’Epervier de Maheux, ou encore Marie-Hélène Lafon, agrégé de Lettres qui fait du Cantal le décor de la majorité de ses livres…… »

5 -Annie Valen : « Merci pour ces compte-rendus très intéressants. »

 

Le prochain livre en 4ème semaine sera le Goncourt « Tous les hommes n’habitent pas le même monde » de J.Paul DUBOIS présenté par Thérèse Lenoble et Jacqueline Claverie ainsi que les commentaires de Nicole Boirin.

Très bonne semaine à vous, ne vous déconfinez pas trop vite ! et bonne lecture !

L’équipe de Bénévoles de la bibliothèque

Aller au contenu principal