JBL N°0 – LA PREMIERE CLASSE D’ARLAC

JBL  » le p’tit curieux d’Arlac  » – Can’arlacais – n°0 – novembre, décembre 1993
Notre quartier est tout récent et  » la lande d’Arlac  » a été de tout temps désignée comme un des endroits où les diables et les sorciers se réunissaient pour faire le Sabbat « .(1)
Jenny Lepreux -soeur Saint-Joseph-, la créatrice de l’ordre des Soeurs de charité de la Sainte Agonie de notre Seigneur, ne trouve au Tondu et à Arlac que quelques pauvres familles : les femmes blanchisseuses travaillant dans les lavoirs du Peugue et des Ontines pour des clientes bordelaises, les hommes gardiens de vaches dont le lait était vendu chaque matin… Bordeaux, et quelques domestiques dans les grandes propriétés ; les enfants et les vieillards étant délaissés par leurs familles trop occupées par leur dur travail. Aussi, crée-t-elle rapidement un asile de vieillards et un orphelinat.(2)


Ce n’est qu’à  la fin du XIXe siècle, mais surtout aprés la guerre 1914-18 que le quartier se réveille ; d’abord parce qu’il subit l’influence de son voisin bordelais Saint Augustin, dont la paroisse est créée en 1858 et l’église terminée en 1894 (3), par la construction de l’hôpital Pellegrin dont les terrains sont achetés en 1861 et 1865 (4) et plus près d’Arlac par la construction en 1904 de l’Ecole des Gardes-malades dans l’hôpital du Tondu (4), ensuite parce que s’établissent à proximité les premières industries comme la Verrerie Saufrignon (juste avant la guerre) et les Forges et Fonderie d’Aquitaine (1918).
Dès 1920, la Municipalité dirigée par Charles Campana cherche un local pour établir la première école communale dans le quartier.

Poussée par le Syndicat de défense du quartier d’Arlac, elle envisage même en 1922 de louer à l’Armée, pour en faire une classe, un logement du camp de manoeuvre de Luchey occupé par un commandant du 144e Régiment d’infanterie : Mais refus du 18e Corps d’armée.

C’est la propriété des Tilleuls appartenant à M. Mousseau, là où est toujours l’école, qui est en définitive achetée.

Il y a urgence  car 46 garçons et 46 filles sont en âge d’être scolarisés et 72 bambins vont l’être dans les prochaines années comme le montre l’état nominatif établi par le Syndicat.

A l’époque, quelle est l’école de ces enfants ? On ne sait pas trop car celle de la Glacière est trop petite et renvoie ses écoliers vers l’école bordelaise de Saint-Augustin et Pessac, assez proche, refuse les petits arlacais

Ce n’est pas tout d’avoir trouvé un bâtiment, ça ne fait pas une école ; aussi M. Lacussan, l’architecte agréé de la commune prépare rapidement un projet de deux classes en transformant les annexes de la petite maison existante ; mais refus de l’Inspecteur d’Académie : ce sera une seule classe prise dans les deux chais, le logement lui même étant gardé.

Début 1923, la propriété est enfin achetée, avec une clause draconienne : le propriétaire pourra récolter les asperges et faire une coupe de foins avant le 1er juin !

L’école est enfin ouverte le 29 octobre sous la direction de Mme Dumas.
Le nom de Marcelin Berthelot ne sera donné au groupe scolaire qu’en 1927.
Qu’elle devait être charmante la petite école du domaine des Tilleuls avec ses peupliers bordant le chemin d’Arlac !

(1) Mensignac. Coutumes, usages, croyances de la Gironde. Bordeaux 1886.
(2) et (3) Abbé Cantan. Origine et développement d’une paroisse bordelaise : Jenny Lepreux et la paroisse Saint Augustin. 1967.
(4) Rapport du Docteur Orée. Projet de construction d’un hospice général sur les domaines de Pellegrin et Canolle. Bordeaux 1866.
(5) Evelyne Diebolt. La Maison de santé protestante de Bordeaux. Toulouse 1990.
Source : Archives communales de Mérignac, liasse 1M2.

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