JBL » le p’tit curieux d’Arlac » – Can’arlacais n°4 – février, mars, avril 1995
Quelle est la frontière qui coupe en deux les Landes d’Arlac ? Le chemin de fer de ceinture qui a partagé en morceaux bien distincts notre quartier, seulement réunis par les écoles, l’église et bien sûr la mairie annexe et l’agence postale. Même si elle semble immémoriale, la ceinture est récente.
Ce chemin de fer a été concèdé en 1917 à la Compagnie du Midi, celle des frères Pereire pour raccorder la ligne Verdon-Saint-Louis à la gare Saint-Jean et désenclaver les bassins à flot dont le seul accès ferroviaire était les voies des quais, fort encombrées, reliées à la gare Saint-Jean.
Les travaux sont commencés en 1914 et, patatras, la guerre avec les hommes partis au front ! Ils sont tout de même poursuivis cahin-caha.
Mais la ligne devient d’une urgence absolue en 1917 quand les bassins à flot reçoivent des bateaux remplis de matériel de guerre et de munitions alors que les voies des quais sont saturées et que le port de Trompeloup à Pauillac accueille de gros cargos américains. De ceux-ci sont débarquées des marchandises stratégiques qu’il faut envoyer au triage de Bordeaux Saint-Jean. Des hydravions de guerre en pièces détachées sont, quant a eux, remontés sur place dans une base de 3000 » Sammies » (1).
Une voie unique de la ceinture est ouverte aux seuls trains de marchandises militaires le 10 Novembre 1917.
Ce n’est que le 18 février 1921 qu’elle sera livrée au service normal des marchandises et que le 14 mars 1921, un premier train de voyageurs, composé de trois voitures, dont une mixte 1ère/2ème classe, plus un fourgon le tout remorqué par la machine n° 1704 conduite par le mécanicien Lacombe, quittera la gare Saint-Louis avec… 6 voyageurs.
La deuxième voie sera mise en exploitation en 1922 et l’électrification terminée en 1930. L’utilité de cette voie est indéniable : en plus de la période de guerre ( 25 000 wagons de marchandises y sont passés en Novembre 1918) c’est grâce aux embranchements possibles qu’il y a eu la création des ateliers des Forges et Fonderies d’Aquitaine en 1922, remplacés par Peugeot pendant la dernière guerre puis par l’A.R.A.A. 623 , et surtout la Verrerie de Carmaux en 1929, qui ont favorisé l’essor du quartier.
Et la halte d’Arlac ?
Déjà, en … 1923. une pétition du Groupement amical d’Arlac pour la création d’une halte pour voyageurs avait été examinée favorablement par le Conseil Municipal (2), et un inspecteur du service commercial des chemins de fer du Midi avait fait une visite au Maire de la commune et au Président du Syndicat d’Arlac, M. Bastide …
Sans résultat, puisqu’en 1937 une demande était présentée par M.Desclaux au Conseil pour la création d’un service de trains ouvriers sur la ligne de ceinture (3).
Faut-il rappeler que depuis 1988, le Syndicat de Défense des habitants du quartier se donne la priorité d’un projet de desserte d’Arlac par la S.N.C.F. qui nous mettrait à 6 minutes de la gare Saint-Jean (4) ?
Sources principales : – G.Bruneau : Le chemin de fer de ceinture. Revue Le Sud-Ouest économique, Bordeaux 1922. – Lucien Chanuc : Le raccordement Midi-Médoc. Revue La Vie du Rail du 8 Novembre 1979. – Bruno Carrière : Cette gare de la Pointe de Grave. Revue La Vie du Rail du 12 Janvier 1994. – Etude de JBL et JH Janvier 1994.
(1 ) «Bordeaux à l’heure américaine 1917-1919». Exposition des Archives municipales de Bordeaux en 1984.
(2) et (3) Délibérations du Conseil municipal des 10 février 1923 et 9 janvier 1937.
(4) Revue Mérignac Ville Verte n° 71 de février-mars 1993.