Nous avons suivi le charmant ruisseau du Peugue depuis sa source jusqu’au moulin d’Arlac dans le précédent Can’Arlacais. Pourquoi ne pas continuer à le descendre ?
JBL » le p’tit curieux d’Arlac « – Can’arlacais n°9 – 1996
Entre la rue du Moulin et l’avenue Victor Hugo, coulait un frais ruisseau aujourd’hui busé bordé en partie par l’Hôtel du Vallon , fort fréquenté le dimanche avant la dernière guerre par les jeunes de Bordeaux qui venaient par le tram en descendant aux Echoppes. Baignades suivies de pique-niques ou d’omelettes presque aussi bonnes qu’au » Tarbais » le bistrot de la famille Bergua devenu le » Lapin agile » bien proche. Mais pendant la guerre l’hôtel du Vallon perdit sa réputation quand il fut réquisitionné par l’autorité allemande pour en faire des logements d’officiers qui n’hésitaient pas à y amener des prostituées de Mériadeck.
Après son passage sous la voie ferrée, le Peugue s’étalait au pied de la Verrerie de Carmaux formant une petite plage que fréquentaient les » drôles » du quartier: c’est maintenant bien modifié : le bassin de retenue du Peugue. Après c’est l’histoire du » faciès de Verthamon » comme en parlent les techniciens, exemple de ce qui ne faut pas faire au point de vue lotissement (1).
Si l’histoire compliquée des cinq Sociétés d’épargne du vieux Verthamon sera évoquée à une autre occasion, il faut bien en parler puisque les terrains de chacune d’elles touchent le Peugue : quatre le bordent au Sud : La Villa des Prévoyants, l’Union Ouvrière, l’Avenir de Verthamon et la Solidarité situés sur Pessac partie sur Mérignac.
L’ensemble formait un lot de la vente du domaine du Haut-Brion au tribunal, de Bordeaux, en 1922.. le 5ème. acheté par la Socité Bernheim frères et fils de Paris : 15 ha qui seront divisés en 414 lots. La Sociélé Bernheim que nous appellerions maintenant le lotisseur avait peu de travaux à faire : l’engravement léger des voies et la rectification du lit du Peugue : pour le reste voir les sociétaires. Les travaux mal exécutés sur le Peugue et le manque d’exutoire suffisant en aval, occasionnèrent plusieurs crues dont la plus importante celle de l’hiver 1927. amena la ruine de la pauvre maison de Mme Boissy et de sa famille. Quant, à la rectification du tracé du lit du Peugue, elle eut pour conséquence le changement de » frontière » entre les deux communes.
Les ponts sur le Peugue ou n’existaient pas ou n’étaient pas bien solides. Ainsi en 1946. celui de la rue Daniel Meller. dont une petite partie est sur Mérignac s’écroula-t-il au passage d’une voiture. Il sera reconstruit à usage de piétons et de cyclistes » en ciment armé » ainsi que les ponts des rues de la Fraternelle, de la rue du Haut-Brion et de la rue Testaud. On ne peut manquer d’évoquer le vignoble des Carmes-Haut-Brion bien qu’il soit sur Pessac. car il est séparé du château par le Peugue aujourd’hui busé (2). Et après, après, c’est Bordeaux : Carreire, Picon, Pellegrin… Mais ce n’est plus Arlac.
(1) – Bordeaux au XX siècle sous la direction de Joseph Lajugie édité par la Fédération historique du Sud Ouest 1972
(2) – Et non coulant à ciel ouvert comme indiqué dans le Can’Arlac