JBL » le p’tit curieux d’Arlac » – Can’arlacais n°2 – avril, mai, juin 1994
Le nombre de bars et restaurants d’Arlac a diminué de moitié en quelques dizaines d’années. Il n’en reste que six ou sept !
Faut-il nommer les disparus au risque d’en oublier ?. Essayons enfin qu’au moins, leurs noms restent. Aux frontières d’Arlac, du côté de Bordeaux, le » Gagne-Petit » et le » Bon-Gré Mal-Gré « , avant qu’il ne devienne épicerie-buraliste; de l’autre côté, à Pessac, au » Pont d’Arlac » le restaurant » Hôtel du Vallon » et pas loin, vers le Terrain du Luchey, le restaurant » Saint-Martin « . Dans notre quartier, mais un peu isolé, le » bar-épicerie des Bernadat » ; sur l’avenue Victor-Hugo, l’avenue des Bistrots : » Chez Videau « , au coin de l’avenue Carnot, le » Tarbais » tenu par la famille Bergua à l’angle de la rue Brémontier, !e bar-restaurant de » Rose Connes » en face du passage à niveau, et, au carrefour d’Arlac, un bar dont on a oublié le nom ; dans la rue Jules Michelet, le restaurant du » Panier Fleuri » de la famille » Balsa » au coin de la rue de Paris, encore plus loin au carrefour de la rue Parmentier » la Cabane de M. Cabanne » et devant le Parc de Tenet, l’ » Oasis « . Tout près, dans la rue de la Fraternelle, le petit bar » Agostino « . Enfin, place de la République, le » bar Henri « .
Mais le plus vieux, le plus oublié, c’est » le Rendez-vous des Chasseurs « , la belle maison en bois du n° 53 de l’avenue Victor-Hugo avec ses platanes dans la cour. Peu de souvenirs sur ces lieux si conviviaux et si fréquentés ; quelquefois, le nom du patron, la date du bal où se sont connus Papy et Mamy ou l’élection de » Miss Arlac » à l’occasion d’une fête organisée par le bar-cave-épicerie-restaurant du coin.
Alors essayons de faire revivre deux ou trois salles à jamais fermées en espérant que ces évocations succintes feront ressurgir de vos mémoires les bons moments d’autrefois. Le café des beaux jours d’été, le café des familles, c’est » le café des Platanes » de M. Bernadat. Il était bien isolé, au carrefour des avenues du Maréchal Joffre et Aristide Briand, où avec pour seules voisines la propriété du Haut Blanzac, la maison des Epileptiques et les maisons des blanchisseuses.
Pourtant, c’est là que Jean Bernadat et sa jeune femme ouvrent en 1929 un bar et une épicerie.
Devant la maison, un emplacement avec deux immenses platanes que l’on disait tricentenaires, car l’avenue du Maréchal Joffre, bien étroite à l’époque, longeait le mur du Haut-Blanzac et laissait un grand espace devant le bar-épicerie où un hangar en bois abritait une quille comme au » Saint-Martin » où à la » Cabane « .
Les dimanches, à la belle saison, les familles des alentours venaient s’y distraire sous les platanes et les hommes venaient jouer aux quilles. Et puis, au décès de Mme Bernadat, la fermeture…
Le » Le Panier Fleuri » tenu par la famille Ben Saïd avait mauvaise réputation pendant la dernière guerre.
Les écoliers se rappellent fort bien des petits Ben Saïd, dépenaillés, faisant souvent l’école buissonnière afin de régler leurs comptes dans une sorte de jungle située devant l’école primaire, entre la voie ferrée et l’avenue Victor Hugo, à l’emplacement de l’actuelle école maternelle.
En 1946, M. Balsa, contremaître à la Verrerie, ancien de Carmaux, achète le » Panier Fleuri » et c’est sa nièce qui » remonte » le commerce, bientôt aidée par Mme et M. Balsa tant la clientèle augmente : ouvriers et cadres de la Verrerie. Dans les années 1955, ils organisent par deux fois la fête des vendanges avec auto-tamponneuses, chenille et manèges dans la rue Michelet vers la Verrerie, petits forains dans la rue de la Fraternelle jusqu’à la place de la Réjouissance où se tient le bal, sans oublier le » feu d’artifice » et le » toro de fuego « . Mais en 1962, la nièce et son mari partent très loin et peu après, les Balsa vendent, puis la Verrerie ferme et…. plus rien.
Qui n’a remarqué celle belle maison située à l’angle de l’avenue Victor Hugo et la rue Brémontier ?. C’est le » Tarbais « , bar créé par M. Jacques Bergua et sa femme à Pâques 1925. Dès les premiers jours, les jeunes y affluent en carriole ou à pied pour manger les omelettes de la patronne et se désaltérer avant de s’abattre le long du Peugue. Bientôt, le bar devient le siège du Comité des Fêtes et de la Batterie Arlacaise. M. Bergua est également le trésorier de la Société d’Epargne de Luchey auprès duquel les sociétaires viennent chaque semaine verser 20 francs pour rembourser l’achat de leur parcelle de terrain à construire. En plus, le patron est maçon et son hangar à matériaux jouxte le bar. A la vente du fond de commerce en 1942, le » Tarbais » devient le » Le Lapin Agile » jusqu’en 1992 puis… une maison.
Et les autres, ceux qui restent en activité ?. Chut, pas de publicité à moins qu’un jour…
Pas de bibliographie pour cet article car tout est le reflet des nombreuses conversations avec les Arlacais.