JBL « le p’tit curieux d’Arlac » – Can’arlacais n°3 – décembre 1994
Et si aujourd’hui, nous cherchions l’origine du nom de quelques rues ?. Bien sûr, pas les avenues Victor Hugo ou Aristide Briand, un dictionnaire suffit, mais des noms un peu oubliés ! Allons-y …Et, toutes vos critiques seront les bienvenues, comme toujours.
Place CAMPANA
(1). Elle a été prévue à l’occasion du lotissement de Luchey, crée en 1926 à partir d’un terrain issu du Domaine du Haut-Brion, situé entre la voie ferrée de ceinture et l’avenue Victor Hugo. Charles Campana, né en Corse en 1842 a été directeur de l’asile d’aliénés, le Château Picon, de 1914 à 1918. D’abord 1er adjoint de Mérignac, il a été nommé maire provisoire en avril 1917 pendant la première guerre mondiale à la mort de M. Ranié puis élu maire en décembre 1919 jusqu’en mai 1925. C’est à la demande de M.Dartigue conseiller municipal parlant au nom de toute la population d’Arlac, que le Conseil Municipal dans sa séance du 8 septembre 1923 décide de donner le nom de la future place » au maire sympathique, Charles Campana » toujours en exercice. La place sera aménagée par la commune en 1927 – 28 et plus récemment en 1992.
Rue du Moulin.
Beaucoup moins de renseignements sur la rue du Moulin. Dans le creux de la rue passe le Peugue, petite rivière dont la source se trouve sur la commune de Pessac, rue du Port aérien et se jette dans la Garonne au droit du cours Alsace-et-Lorraine à Bordeaux. Le Moulin d’Arlac se trouvait dans ce creux et il est dessiné sur le plan du cadastre de 1844, une partie sur Pessac, l’autre sur Mérignac. La rue actuelle est certainement le chemin, élargi et renforcé, qui passait au dessus du bief et permettait au meunier d’acheminer le grain et de livrer la farine. Mais où était exactement le moulin ? Il y a une cinquantaine d’années quelques pierres existaient encore…
Les rues Gérard et Henri Blot
(2) La famille Blot habitait 3 rue de Luchey sur la commune de Mérignac (l’autre trottoir est sur Bordeaux) : deux fils, quatre filles. Gérard Blot est né à Bordeaux en 1917 ; il adhère au Parti communiste en 1936 et, dès l’arrivée des troupes d’occupation allemandes, participe au titre des Francs Tireurs et Partisans Français (F.T.P.F) à des actes de résistance en particulier, déraillement de trains militaires et destruction de postes de haute tension.
Il est arrêté le 8 juillet 1942 à Jonzac, avec bien d’autres résistants. Henri Blot est beaucoup plus jeune que son frère puisqu’il est né en 1925 à Bordeaux. La mère et ses enfants se sentent surveillés dès l’arrestation de l’aîné et quittent la rue de Luchey pour habiter derrière la gare Saint Jean. Henri se cache et rejoint les maquis de la Dordogne où il participe aux actions du bataillon Héric à Saint-Astier et à la libération de Périgueux (21 -22 Août 1944).
Peu après, le 4 septembre, on le retrouve nu, noyé dans la rivière l’Isle à Périgueux ; une photo du cadavre permet à sa mère de le reconnaître. On retrouvera quelques temps après les traces d’un Henri Blot démobilisé dans l’Est de la France, sans savoir s’il y avait eu meurtre pour vol de papiers et de vêtements à Périgueux. On ne parle guère de la mère de Gérard et de Henri ; Yvonne pourtant messagère des F.T.P.F. pendant la guerre. C’est par arrêté préfectoral du 5 juin 1946 faisant suite à la délibération du Conseil Municipal du 15 aout 1945 que le nom de Gérard Blot est donné à la rue du Haut-Méjean et celui de Henri Blot à une partie de la rue de Luchey.
(1) Archives communales, renseignements de l’Hôpital Charles Perrens et recherches personnelles de M.Sénac, archiviste municipal.
(2) Hommage aux fusillés de la région bordelaise, deuxième fascicule 1942, de Henri
Chassaing et Georges Durou. Bordeaux, 19
Octobre 1989. Archives du Centre Jean
Moulin à Bordeaux.Archives personnelles et souvenirs de Muguette, soeur de Gérard et Henri Blot.